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10 ans de voyages

10 ans plus tard…

À 19 ans, un peu paumé, je montais dans un avion pour la première fois de ma vie, sans savoir que j’y remettrai les pieds aussi souvent. Dix ans plus tard, j’ai fini par arrêter de compter, il y a déjà quelques voyages, peu après le 100e décollage.

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Premier décollage – 2006

Je dois reconnaitre qu’au début, il était important de s’imposer aux yeux des autres en tant que “grand voyageur”. Les autres, c’était bien souvent d’anciens copains ou d’ex-copines à qui je voulais montrer par fierté que ma vie à l’autre bout du monde était géniale.
L’apparition de Facebook était d’ailleurs très pratique. Il ne suffisait plus de compter sur le bouche à oreille et les “T’as des nouvelles de Thibaut ? Parait qu’il est en Australie maintenant.” Non, c’était bien plus simple. Il suffisait de poster une photo prise à l’aide d’un Iphone 3GS, accompagnée d’un petit texte que l’on pouvait prendre au choix comme “voici de mes nouvelles” ou “de là bas, je vous emmerde” suivant les sentiments que l’on avait pour moi.
10 ans plus tard, je ne cours plus forcément après les nouveaux pays à cocher par principe, ni ne cherche à prouver quoi que ce soit. J’ai pourtant 6 fois plus d’amis sur Facebook qu’à l’époque.
Je ne vis désormais plus que pour ceux que j’aime et les projets qui me font vibrer. Cette fois, c’était 2 mois de road-trip à travers les USA et tant pis si c’est la 7e fois que je tamponne mon passeport là bas et que l’on me demande régulièrement quand est-ce que je partirais pour un vrai voyage en Afrique.

Ici, on croise sur le bord de l’autoroute d’immenses panneaux publicitaires avec des slogans du genre “Enfer ou paradis ?” ou “Après votre mort, vous allez rencontrer Dieu.” suivi d’un numéro de téléphone à composer. Si Dieu n’est qu’une espèce d’hôtesse d’accueil qui passe ses journées à orienter d’obèses américains, j’aurais deux mots à lui dire. 10 ans plus tard, je ne crois toujours pas.
Je réalise que me passionner a toujours été mon moteur et un moyen de me sentir vivant. Chaque passion amenant son lot de rêves à réaliser. Que ce soit le catch, le poker, les parcs d’attractions ou le voyage, j’ai pu me goinfrer pendant 10 ans de toutes ces expériences aux quatre coins du monde et je n’ai pas vraiment beaucoup de regrets lorsque je regarde en arrière.

Soirée à +790$ - Melbourne 2015
Soirée à +790$ – Melbourne 2015

Le poker étant la seule passion qui garde (encore) un goût d’inachevé. Il faut reconnaitre que même si j’ai gagné chaque année un peu d’argent à ce jeu, et malgré plusieurs séjours à Las Vegas (dont 1 mois seul face au poker), je ne me suis jamais investit à 100 %. La peur de l’échec sûrement. Si il y a bien une discipline où l’échec est impitoyable, c’est le poker. Si vous vous retrouvez sans un sou, vous n’avez plus d’excuse et personne ne sera là pour vous en trouver.

À l’approche de la trentaine je réalise l’importance de l’expression tu as l’avenir devant toi, profite. J’aurais déjà aujourd’hui envie de dire la même chose au gamin de 22 ans que j’étais, décollant pour l’Australie sans savoir la date du retour.  Certes, à 30 ans j’aurai toujours l’avenir devant moi mais il n’aura plus jamais la même saveur et je ne repartirai jamais avec la même insouciance.
Mais vous savez ce qui est le plus dur quand on a prit son envol et goûté à la liberté ? C’est de devoir toujours rebondir. Premier vol, premier voyage, premiers rêves cochés. Rêve de road trip, rêve de long voyage, premier tour aux USA, première location de voiture. Départ pour 1 mois, 4 mois et même un tour du monde… L’envol peut être long mais il n’est pas éternel.
Je comprends mieux pourquoi les retours de tour du monde sont parfois difficiles pour ceux qui avaient tout lâcher pour cette aventure. Un rêve de coché c’est un rêve de moins qui vous fera vibrer le lendemain. C’est prendre le risque de ne plus avoir d’excuses. Et si ensuite il n’y avait plus rien d’excitant ? Il est tellement plus facile de rester chez soi avec des Si j’avais su… Si je pouvais… Si c’était à refaire...
Partir pour premier un long voyage, c’est se sentir intouchable l’espace de quelques mois. Et si au retour vous n’êtes pas prêt à rebondir pour d’autres expériences, on vous accueillera les bras grands ouverts. Bon retour parmi nous, voici le plan de route. Ici, tout le monde le connaît : boulot, week-end, vacances, retraite, décès. Difficile de se sentir vivant lorsque l’on se sait mortel à nouveau.

10 ans plus tard, encore un peu perdu, je vis toujours une vie moins normale. De loin, elle vous semble peut-être parfaite mais ne vous fiez pas aux apparences. Et puis après tout, que valent tous mes souvenirs face à une belle carrière ou de jolis petits enfants ?
Si vous deviez vous définir vous emploieriez sûrement des mots tels que : étudiant, maman, chef d’entreprise, caissière à Carrefour, marié 2 enfants… Moi, j’aurais plutôt tendance à m’exprimer comme Julien Lepers quand personne n’avait la réponse dans Question pour un champion : Je suis, je suis, je suis…
Allez, laissez-moi 10 ans de plus et je vous promets que j’aurai une réponse.

Universal Studios Floride - Juin 2016
Universal Studios Floride – 10 ans plus tard

Il faut toujours être ivre. Tout est là : c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous !
Et si, quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront : « Il est l’heure de s’enivrer ! Pour n’être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. – Charles Baudelaire

 

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