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Arrêté par la police de Melbourne au volant d’un van transportant 12 personnes

Melbourne, 20 février 2010

Aux environs de 22 heures, 3 individus marchent en direction de leur van.

Notre projet au départ était simplement de déplacer notre van, stationné en centre-ville, vers le casino et d’y chercher une place gratuite. Car en Australie et particulièrement à Melbourne, on ne rigole pas avec les amendes. Mais sur le chemin vers notre van, nous croisons un groupe de jeunes particulièrement festif, pour ne pas dire complètement bourré. Ils fêtent un anniversaire.
Après bientôt un mois en van entre français, notre petit côté aventurier a vu là une bonne occasion de s’intégrer, de partager et de converser en anglais. Notre côté masculin lui, a vu une bonne opportunité pour se mêler à la gente féminine locale. Après quelques timides tentatives d’approche, de premiers contacts se créent et notre intégration au groupe semble être sur la bonne voie. Mais très vite le constat est clair, l’état d’ébriété avancé de ces jeunes gens, certes très sympathiques, devient agaçant. Nous avons clairement quelques grammes d’alcool dans le sang de retard pour parfaitement nous mêler au groupe et pour notre estomac, il est plutôt l’heure de manger. Certains diraient que nous ne sommes pas dans le match. Nous décidons donc de reprendre une allure normale en direction du van et de laisser le groupe derrière nous.

Mais quelques minutes plus tard, alors que nous sommes tout juste prêt à démarrer, le groupe revient bruyamment à notre niveau. L’un d’entre eux demande où l’on va. Ou c’était peut être l’un d’entre nous… Toujours est-il que la réponse est la même car nous avons tous pour projet d’aller au casino. Notre proposition de les déposer est très vite acceptée et voilà 9 jeunes, tous plus excités les uns que les autres et qu’on ne connaissait pas il y a un quart d’heure, qui s’insèrent tant bien que mal dans un van qui est censé accueillir 4 voir 5 personnes grand maximum. Au total nous sommes maintenant 12 à l’intérieur. Au départ c’est bon enfant, on lance même un “happy birthday” histoire de mettre l’ambiance (comme si il y avait besoin…).
Mais à peine le van lancé, on prend conscience de l’énormité de la situation et on réalise que notre idée peut à tout moment nous poser de sérieux problèmes. Dans ma tête en fait j’imagine déjà la stratégie à employer en cas de mauvaise rencontre sur la route. Mais bon, ce serait vraiment pas de chance de tomber pile sur une voiture de flic alors que le casino est à 2 kilomètres tout au plus…

Yohan, conducteur en chef qui roule à gauche depuis bientôt un mois, s’est donc engagé sur la droite. Difficile de faire meilleur départ en plein centre-ville avec un van bourré à craquer.
Au deuxième croisement, alors que le feu est au rouge, une voiture de police arrive juste à notre niveau sur la file de droite. Le temps que Yohan nous prévienne que les flics sont juste à côté de nous, le feu passe au vert. La fenêtre du van étant ouverte on entend alors “DRIVE” venant de l’extérieur. Lorsque Yohan se retourne pour constater qu’on s’adresse bien à lui, un second “DRIVE” cette fois plus fort et plus agressif arrive jusqu’à nos oreilles. La fenêtre de la voiture de police est ouverte et son conducteur désigne avec le doigt le feu toujours au vert. Après de brèves excuses, le van démarre enfin.

Ils ont tout vu ? On est foutu ? Bon ben roule  !

Alors certes, à l’avant il y avait trois jeunes qui faisaient tout pour avoir l’air calme et faire comme si de rien n’était. Mais derrière, c’est du grand n’importe quoi. Neuf personnes assises ou allongées tant bien que mal entre nos sacs de voyage, la mini cuisine intégrée, tous nos sacs et les matelas pour dormir. Un de nos ordinateur portable aura d’ailleurs très mal vécu ce moment. Dans le lot certains gueulent, d’autres continuent de chanter et tout le monde essaie de se trouver une place confortable. En fait, il y a peu de chance pour que ces joyeux lurons soient passés inaperçus. Et quelques mètres plus tard, la voiture de police nous invite à nous ranger sur le bas côté.

2700 $ d’amende

Au moment où le van s’arrête, je me rappelle qu’à chaque fois que je suis assis au milieu, je ne prends pas le temps d’attacher la ceinture. Le genre de ceinture que l’on attache uniquement au niveau du ventre et qui fini toujours par trainer, coincée entre deux sièges. Il est déjà trop tard pour la mettre en douce avant l’arrivée du flic mais miracle, elle est déjà autour de ma taille.
Les premiers regards de l’agent se dirigent justement vers nos ceintures respectives. D’abord celle du conducteur, puis la mienne que j’ai fièrement mise en avant en faisant passer mon t-shirt dessous et enfin celle de Julien, juste devant ses yeux et qui en réalité l’a juste coincé sous ses fesses au dernier moment pour créer l’illusion. De ce côté là tout a donc l’air en règle. Derrière par contre c’est une autre histoire…

Notre stratégie de défense était de prétendre qu’au départ il n’y avait que 2 personnes au bord de la route qui nous ont demandé de l’aide. Et à l’instant où ils ont commencé à ouvrir la porte latéral, tous leurs copains ont débarqué de nulle part et sont entrés aussi. Alors vous imaginez dire à 9 jeunes bourrés de s’en aller ? Non bien sûr, c’était trop tard… Voilà ce que l’on a essayé de dire et de faire croire à l’agent avant même qu’il ai pu placer une phrase. Comme si on avait besoin de prouver notre bonne foi, avec un petit air désespéré plutôt convaincant.
Lui nous a d’abord calmement expliqué qu’en Australie l’amende pour non port de la ceinture est de 300$. Qu’elle est multipliée en fonction du nombre d’infractions et qu’elle est à payer par le conducteur, responsable du véhicule. En l’occurrence ici, les responsables du véhicule ce sont les trois idiots assis à l’avant. Et étant donné que derrière il n’y a que deux sièges et que de toute façon personne n’avait de ceinture, dans notre tête on imagine déjà 2700$ s’envoler sous nos yeux

Au moment de présenter nos passeports et nos permis, nous avons également tous les trois montré fièrement nos permis internationaux (dont tout le monde se fiche en réalité en Australie) peu confiants pour la suite. Il faut dire que les français n’ont pas toujours bonne réputation chez les kangourous. Mais ce qui risquait de nous enfoncer encore plus s’est en fait avéré très positif car môssieur l’inspecteur avait déjà vécu en France. Il nous en a parlé longuement avec nostalgie et nous étions vraiment ravis de pouvoir faire semblant de nous intéresser à son histoire.

Le groupe de jeunes s’est plus ou moins fait contrôler avant de se disperser au compte goute. En repartant nous les avons recroisés. Certains seuls semblaient perdus, d’autres énervés et quelques uns se sont excusés en nous voyant passer, peut être en pensant que nous allions devoir payer une forte amende. Mais finalement nous n’avons même pas eu droit à un contrôle d’alcoolémie et nous avons pu repartir assez rapidement.
L’opération Mais M’sieur c’est pas notre faute ! a été un succès.
Par contre, l’opération 12 dans un van, moins.

 

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