• Menu
  • Menu

Gamin voyageur

Je n’ai pas beaucoup de souvenirs des nombreux petits voyages que j’ai fait en voiture avec mes parents quand j’étais plus jeune. Mais je n’oublierai jamais le plaisir que j’avais à me réveiller au milieu de la nuit pour finir à l’arrière du break, les couettes étalées sur les banquettes arrières rabaissées pour l’occasion. C’était l’aventure! Bon, une aventure d’une demi-nuit qui finissait dans un hôtel Orion et leurs énormes clés jaunes. Rien à voir donc avec passer un mois dans une voiture sans voir l’ombre d’un lit et d’une vraie salle de bain comme j’ai maintenant l’habitude de le faire.

19 ans.
Mon premier vol en avion (maman n’aime pas ça). Un petit séjour à Manchester pour voir du catch en direct avec un ami. Un rêve de gosse. Au retour, je bavais devant mon hublot. Le lever de soleil était magnifique et je ne comprenais pas pourquoi tout l’avion était en train de dormir. Cette année, j’ai dû prendre l’avion plus d’une quinzaine de fois et à chaque fois j’étais trop fatigué pour vraiment apprécier le spectacle. Merde, on s’habitue vraiment à tout.

20 ans.
Je suis amoureux. je découvre les joies d’avoir un appartement, un chat et une copine. On s’envole pour Agadir (mes premières et dernières vacances) puis pour la Floride : Disney World et Wrestlemania 24 à Orlando. 21 ans et deux rêves de gosse de plus de cochés. Puis premier road-trip ; de la Bretagne jusqu’au Pays-Basque.
Avoir un appartement, un chat et une copine ne m’amuse plus des masses. L’envie d’être loin et d’un long voyage revient régulièrement dans mon esprit. Je parle souvent de partir en Australie et de rouler je ne sais où, sans vraiment réfléchir sérieusement au projet.

22 ans.
La bonne rencontre. Yohan, ami d’amis communs, rentre après plusieurs mois en Espagne. Il a quitté son boulot en banque après 3 ans de bons et loyaux services et profite de sa liberté. Un soir, alors qu’on ne se connaît pas vraiment, un peu à l’écart avec mes 2 futurs compagnons d’aventure et après une petite heure de conversation (sur nos envies de voyage, notre petite fierté de n’avoir à l’époque aucune contrainte et sur un possible voyage en commun en Australie), nous nous sommes dit :

“Bon ben alors on partira le 12 janvier ; ouais, c’est bien le 12 janvier !”

On était tous les trois du genre à prendre des décisions sur un coup de tête et l’idée était prise au sérieuse ce soir là même si rien n’en avait l’air. Sûrement un peu pour se rassurer si du jour au lendemain le plan tombait à l’eau. Ce plan, c’était prévu dans un peu plus de 4 mois.
Entre-temps, je file un mois à Los Angeles et Las Vegas avec Yohan. Le vol est à moins de 400€ et tout le voyage ne coûtera que 400€ de plus. J’apprends à adorer voyager le mieux possible pour le moins cher possible. 31 décembre à Barcelone puis départ pour Sydney… le 14 janvier.
Je commence alors sérieusement ma collection de photos de mes pieds tandis que l’on fait un tour en Nouvelle-Zélande et en Indonésie. On dort des dizaines de nuits d’affilés à trois dans une voiture et on adore ça. On se permet même un détour de 6000 kilomètres en 6 jours pour admirer Uluru. Après un peu moins de 5 mois, je décide de rentrer, l’impression d’avoir fait tout un voyage. Depuis, je regrette d’avoir gaspillé mon visa-travail en Australie qui n’est pas renouvelable.
Ce voyage et ses sensations ont laissé des traces. Les souvenirs sont beaux ; mais parfois, ils ternissent les suivants.

aussie-trip

23 ans.
À mon retour, je crie sur tous les toits que j’arrête toute relation sérieuse avec les filles pendant au moins 1 an. 1 AN! Une semaine plus tard, je suis amoureux.
Tout juste deux mois après, on part pour 2500km de road-trip jusqu’aux Pays-Bas en traversant la Suisse, l’Allemagne et le Luxembourg. Les mois s’écoulent. Quelques séjours : Budapest, Madrid, Prague, Bruges, New-York3 semaines de road-trip en Italie, quelques mois en Champagne… Ah ! et puis, on a fait un tour du monde aussi ! Un autre rêve de gosse. 7 mois d’aventures. Je fête mes 26 ans en Bolivie, pas loin du plus grand désert de sel du monde. Au retour, je raconte mon voyage en vidéo et ça marche bien. Plus de 300 000 vues.
On se sépare. Une nouvelle année commence.
Je m’enfuis, comme un gosse, à Barcelone. Puis je passe un peu plus de 2 mois à Las Vegas. Obsédé à l’idée de me retrouver seul dans un hôtel pour jouer quotidiennement au poker, j’avais déjà tout réservé en plein tour du monde. Là bas, j’imagine que rejoindre la mer en vélo depuis chez moi pourrait être rigolo.

27 ans.
Ibiza-private-boat-tripJe retourne à Barcelone et en Italie pour ma dose de parcs d’attractions. Puis finalement, avec Yohan, qui comme moi n’avait jamais fait de vélo de course avant, on voit la mer après 6 jours et 638km, au Grau du Roi. L’été se poursuit à Biarritz puis Singha Beer m’invite à Ibiza. Logé dans un bel hôtel, on me conduit en boite avec trop d’alcool à disposition, dans des restaurants délicieux, dans un bar privatisé au bord de la plage, sur un voilier pour faire la fête… Pendant quelques jours, je vis la vie de jet setter.
Road-trip en Italie de la Sicile jusqu’à Rome pour retrouver des sensations oubliées. Puis invitation (je devrais dire voyage de presse) à Malte sur l’île de Gozo.
La fin d’année approche, nouveau départ avec Yohan pour un peu plus de 4 mois de voyage.
Retour en Thaïlande, passage par la Malaisie pour filer en low cost en Australie. 31 décembre à Sydney puis Melbourne pour une semaine de poker et un mois en Tasmanie avec road-trip et expérience HelpX. Le voyage se poursuit au Vietnam, du Nord vers le Sud et puis décollage pour le Nord de la Thaïlande et Chiang Mai. Au final, l’ensemble des vols revient bien moins cher que mon premier A/R en Australie à 1250€. Au retour un nouveau vol pour Barcelone m’attend le jour même.
Je passe ensuite plus d’un mois sur le canapé d’un ami exilé à Montréal. Le même qu’à Manchester quand j’avais 19 ans. J’en ai désormais 28.
Je commence à moins apprécier voyager rapidement et en sac à dos mais il faut un peu de temps pour le digérer et l’accepter. J’organise tout de même avec excitation 3 mois de road trip aux USA.
Au retour, nouvelle séparation, je suis en mauvais état physique : Qu’est-ce que je ferais si j’étais moins con ?
Je commence à remettre en questions mon mode de vie et surtout ma motivation. Je retourne en fin d’année gagner un peu d’argent au poker puis en Thaïlande et en Crète. Deux journalistes me rejoignent pour y tourner un reportage pour TF1 dans Sept à Huit. J’en profite pour me faire inviter dans une villa incroyable.

Elounda Bay hotel

30 ans.
Je commence à avoir envie d’écrire un livre. Pour pouvoir tout dire et m’amuser, j’aimerais que ce soit un mélange entre fiction et réalité. Mais ça ne se passe pas vraiment comme prévu et après une nouvelle séparation amoureuse je décide de prendre un avion pour Melbourne et d’y rester 3 mois, bien aidé par le tarif exceptionnel du billet A/R à moins de 500€.
Je partage un appartement dans une tour de grand standing en plein centre-ville et je reprends sérieusement l’écriture de mon livre. Tous les jours je vais écrire à la bibliothèque l’après midi et jouer au poker le soir. Ce sera désormais un journal intime avec tout ce que je n’ai jamais pu raconter sur le blog. Mais il me faut encore un peu de temps pour prendre du recul sur ma vie et prendre un nouveau départ.
La découverte de la méditation me fera prendre conscience de beaucoup en seulement quelques semaines. La fin de l’année approchant, je laisse un peu de côté le livre et je repars pour un grand voyage avec quelques idées en tête. Cette fois je pars seul mais motivé. Je reprends tous les ingrédients que j’aime et choisi par sécurité quelques destinations que j’ai déjà adoré. Un retour à Barcelone, du scooter pour découvrir Ténérife, un road trip en Californie (quelques $ à Las Vegas au passage), la Thaïlande pour réaliser mon rêve de rencontrer des éléphants dans un sanctuaire, un mois en Malaisie et presque autant à Singapour. 6 mois de bons souvenirs. 

 

 

Je reviens en début d’année et j’enchaîne avec plusieurs mois chez mes cousins au Canada. Je joue au poker et vais régulièrement à la bibliothèque. Mais avec le dernier chapitre du livre vécu au même moment, j’ai enfin l’impression d’avoir un début, un milieu et une fin. Obsédé à l’idée de terminer mon livre, les dernières semaines je suis seul et je ne sors de l’appartement de mon cousin que pour faire des courses. J’y passe jusqu’à 14 heures par jour et je m’accroche en regardant la couverture.

Gamin voyageur couverture livre

32 ans.
Je publie l’introduction sur mon blog et Facebook : Maman. J’y parle de sa maladie et de nos liens, c’est le fil conducteur du livre entre les récits de voyages et les histoires intimes. Les retours sont bons.
Je fais un tour en Italie, quelques semaines en Floride, et un très chouette voyage en Bus en Europe avec une boucle au départ de Lausanne direction Ljubljana puis Vienne et Venise avec un retour à Genève.

33 ans.
Je réfléchis et hésite longuement entre plusieurs projets et plusieurs façon de les réaliser. Une Tiny House et un terrain ? Une maison ? Un fourgon aménagé ? J’ai toujours rêvé d’être chez moi avec un grand terrain mais avec le mode de vie que j’avais réussi à tenir depuis toutes ces années, les voyages étaient bien plus simples à mettre en place.
Il ne me faut pas beaucoup de temps pour accepter le fait que je ne souhaite pas vivre à l’année dans un petit espace et je décide donc pour commencer de prendre un petit modèle d’utilitaire : le Dacia Dokker Van.
Le plaisir de voyager revient instantanément avec le fait de n’avoir rien à organiser. Partir sans savoir le reste me plaît particulièrement et j’enchaîne les itinéraires : Les affaires reprennent.
Sur la route, je réalise que ma meilleure option serait d’alterner les quelques voyages entre un pied à terre dans une ville dynamique du Sud pour l’hiver (Montpellier) et une maison perdue dans la campagne pour les mois les plus doux de l’année. Tout devient clair dans ma tête même si je ne me fais pas d’illusions, cela pourrait prendre plusieurs années avant de trouver la maison et le terrain idéal dans mon budget.

34 ans.

J’achète une source, du terrain… et une maison. Une nouvelle aventure commence avec l’impression d’avoir pris les bonnes décisions pour lier rêves d’ailleurs et rêve d’autonomie. Je me demande parfois comment le gamin de 20 ans qui avait le même rêve aurait pu s’en sortir correctement sans passer par toutes ces séparations et remises en question.
Pour garder la motivation et trouver le bon compromis entre mes envies de gosse et les obligations de la vie, je repense souvent à cette citation que j’ai en tête depuis mes 20 ans :

Tu peux tout accomplir dans la vie si tu as le courage de le rêver, l’intelligence d’en faire un projet réaliste, et la volonté de voir ce projet mené à bien.

Sidney A. Friedman

Laisser un commentaire

7 commentaires